3l2             MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
Y. A., ets'accoustument à la patience comme les autres : en quoy la necessité semble plus maintenant servir que nuire. Ce gascon in casa fait quelquefois le renard ; mais si nous pouvons recouvrer ce que ses gens ont laissé perdre mal à propos par leur précipitation et indiscrétion, qu'ils excusent d'un zele au service de Sa Majesté sur les promesses d'aucuns des nostres, nous le rendrons vrayement monseur Scornuta; et ce colosse poura encor bien suer avant de regagner son authorité du passé, du moins en ce lieu : qui pourra donner exemple aux autres que si le Bearnois, recrû comme il est, continue de son coté le train d'apocagine qu'il semble prendre, je crois qu'à cet automne vous le trou­vères en tel état, qu'il ne sera plus mal-aisé à V. A. de mettre nostre entreprise à fin, s'il est encor lors : car après luy le reste de sa race s'en ira comme feu de paille, ne subsistant qu'en sa personne; et ne sera plus besoin de ces grandes recompenses que demandent ces gens, qui seront bien aises de servir pour leur vie, et partie de ce qui leur restera. Et à ce propos V. A. se souviendra de ce qui luy a été dit des anciens, minis­tres et officiers <!fb cet Etat, dont il convient se des­charger comment que ce soit, parce qu'ils ruinent les affaires de Sa Majesté, et parleur avarice, et par l'am­bition qui leur reste de quelque creance, qui n'est plus rien ou fort peu, et mal assuré. Il est tantôt temps d'y adviser. Cependant j'espere faire en sorte que ce bruit d'accord qu'on fait courir de tous cotés aura autres ef­fets qu'ils n'ont pensé, et servira de faire que cy-après ces gens ne s'épargneront tant qu'ils ont fait cy-devant, pourvû qu'il plaise à V. A. tenir les choses de sa part en termes convenus, et n'épargner au besoin les belles
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